Post-partum : mon quatrième trimestre

Le post-partum ce n’est pas forcément une période négative. Même si dans notre esprit cela rime parfois avec dépression ou baby blues. Cela englobe en fait toute la durée après l’accouchement jusqu’au retour de nos règles. C’est pourquoi il est aussi assimilé à notre 4e trimestre. Voici le mien.

Le corps & l’esprit

Je vous ai montré dès mon retour de la maternité l’évolution de mon corps en stories. Ce n’est qu’une partie de mon post-partum : la partie visible de l’iceberg. Mais qu’en est-il de tout ce qu’il s’est passé dans ma tête ?Aujourd’hui j’ai envie de vous raconter dans quel état psychologique j’étais après la naissance de Charlie et dans quel état je suis aujourd’hui.

3 jours en huit clos

Les 3 jours à la maternité ont été important pour moi, cela m’a rassuré de pouvoir sortir de ma chambre et d’avoir de l’aide jour et nuit. Et en même aujourd’hui je me rends compte qu’ils correspondent au début de mon post-partum et de ma détresse.

Je ne me suis pas sentie accompagnée dans mon nouveau rôle de maman. À la place d’une préparation à l’accouchement, j’aurais de loin préféré une préparation à la parentalité. Je ne savais pas à quel point j’aurais dû anticiper mes besoins. Tout était inconnu pour moi et je me suis laissée porter.
J’aurais voulu entendre les mots pleurs du nourrisson, décharge du soir, colique, reflux… A-t-on le temps et surtout l’énergie de se renseigner sur tout cela quand on doit s’occuper d’un bébé ?

On m’a montré comment donner un bain. Une fois à la maison j’ai vite changé de méthode. On devait me montrer comment donner le sein à mon bébé. J’attends toujours. J’ai abandonné et tellement culpabilisé. On m’a dit de donner 20, puis 30, puis 40ml de lait… bref j’ai perdu le compte rapidement jusqu’à comprendre que Charlie ne prendrait de toute façon que ce dont elle a besoin et à son rythme. Autant de conseils qui m’ont perturbé car je m’y accrochais désespérément. Je suis parfois bête et disciplinée.

Pleurs et culpabilité

Deux mots qui résument mon post-partum.
J’ai pleuré face à l’incompréhension. J’ai pleuré de honte. J’ai pleuré de fatigue. J’ai pleuré de solitude. J’ai pleuré de culpabilité…
Le jour du départ entouré de tous nos sacs et de Charlie dans son cosy, j’ai fondu en larmes. Car ça y est : tout devenait réel. On avait une petite personne sous notre responsabilité et plus personne (ou presque) pour nous aider. Maintenant c’était à moi, à nous, de jouer. Je ne sais pas si toutes les nouvelles mamans pleurent autant mais on m’a filé la carte d’un psy en partant…

Perdue. Seule. Terrifiée.

Pour résumé j’ai beaucoup pleuré les 2 premières semaines. Tous les jours. Au début parce que nos vies allaient être complètement chamboulées et que avoir un enfant c’est une énorme responsabilité. Mais surtout car c’était un grand saut dans l’inconnu.

On le sait toutes pourtant qu’un enfant ça change la vie. VRAIMENT. Tu vis dans le chaos, reclus chez toi, comme un zombie, tu marches sur des œufs dans ton propre appartement, tu paniques dès que ton bébé se réveille car « et si elle pleure? », le soir tu stresses en te glissant sous la couette et tu retiens ton souffle pour ne faire aucun bruit, tu sais que tu as 3 heures devant toi pour dormir et tu te forces de tout ton être à sombrer pour pouvoir te lever et la nourrir, tu pries ensuite qu’elle se rendorme vite et que toi aussi…. bref avant de comprendre ce qu’il t’arrive vraiment il est 17h, tu n’as pas déjeuné et tu es encore en pyjama, les cheveux en bataille, et tu ne sais plus si ce matin tu t’es lavé les dents. Adieu semblant de dignité.

La faute aux hormones

Mon dieu qu’est-ce qu’on a fait ?
On était prêt tu crois ?
Tu regrettes ?
J’ai peur tu sais…
Tu crois qu’on va s’en sortir ?
Tu l’aimes ?

Toutes ces questions horribles je les ai pensé et dites à mon chéri. Sans honte. Il fallait qu’elles sortent. Elles étaient en boucle jour et nuit dans ma tête. Mon bébé pourtant je l’aime. Regardez comme elle est parfaite ! J’étais perdue certes mais je ne l’ai pas rejeté une seule seconde.

La grossesse ne vous prépare en rien à l’arrivée d’un enfant. Ce sont « juste » 9 mois, pas toujours facile, mais fou car nous portons la vie. On reste nous, maître de son temps, de ses envies, de ses besoins. Et notre entourage prend soin de nous. Petit écrin de vie que nous sommes.
Mais dès l’arrivée de ce petit bébé, notre vie telle qu’on la construite pendant des années n’existe plus. Qu’on le veuille ou non, les premiers mois seront consacrés et ne tourneront qu’autour du bébé. Une vie rythmée par la danse effrénée des biberons, des couches, des siestes, des pleurs et des 100 pas dans l’appartement. Le plus dur est de l’accepter pour ne pas être frustré. Et frustrée je l’ai longtemps été. Je n’arrivais pas à avoir 5 minutes pour moi, alors quelques heures pour travailler il ne fallait même pas y compter. Ce n’est que passager évidement. Le temps que tout le monde retrouve sa place et qu’on apprenne à vivre ensemble.

J’ai continué de pleuré. De fatigue, souvent, de bonheur aussi. J’ai pleuré quand on me demandait comment j’allais. J’ai pleuré quand on m’a offert le petit bracelet « Charlie ». J’ai pleuré quand on m’a dit qu’elle était belle. J’ai pleuré lorsque Émilie a elle-même pleuré en la découvrant. J’ai pleuré à chacun de ses exploits aussi. J’ai pleuré pleuré pleuré et ça m’a fait du bien.
Il m’a fallut 2 mois je pense pour être complètement à l’aise avec Charlie, la comprendre, accepter les pleurs, son rythme et le fait que rien ne sera plus jamais pareil.

Alors oui, c’est du pur bonheur de voir son bébé grandir, évoluer, découvrir le monde et son corps mais pour moi cela n’a pas été immédiat. Je ne me suis jamais dit « c’est comme si elle avait été toujours là », « comment j’ai pu vivre sans elle avant ? »… Tout comme les phrases à base de « Profite de chaque instant » n’ont pas fait échos en moi les premières semaines. Ma mission était plutôt de réussir à dormir entre 2 biberons et d’être suffisamment reposée pour être sereine avec elle.

Bye bye post-partum

J’espère que mes mots de sont pas trop dur mais c’est sans filtre que je souhaitais vous partager mon expérience. Pour moi, pour évacuer, et aussi pour les nouvelles mamans qui peut-être se sentent seules ou ont eu des pensées noires. Mes amies mamans m’ont beaucoup rassuré mais surtout vous. Vos messages de soutien, vos mots plein d’amour et sans jugement.

Trois mois après je me sens bien mieux, je ne pleurs plus et avec Charlie on se comprend (la plupart du temps). Je la couvre d’amour et de bisous, et ses pleurs ne me font plus paniquer. Je les accepte et je l’accompagne du mieux que je peux à retrouver à chaque fois sa sérénité.
Ça y est, je me sens maman, je suis maman.

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Cette période de notre vie, tout comme les 1ers mois d’une grossesse, la douleur des contractions et la puissance de l’accouchement, on l’oublie très vite. Aujourd’hui, comme tout le monde, je me dis que ce n’était pas si terrible que ça. Et c’est sans doute pour cela qu’on parle peu de notre post-partum.

Mes conseils pour mieux vivre son post-partum

Dans certaines cultures, la maman ne fait rien d’autre que nourrir son bébé et reste même le plus souvent allongée dans son lit. Sa maman et/ou sa belle-mère viennent aider les nouveaux parents et gèrent l’intendance. Cela permet à la maman de reprendre des forces après l’accouchement et aussi de préserver son périnée (et oui la station debout, trop prolongée, n’est pas du tout agréable et fatigue énormément). J’ai adoré le post de Marie-Paola qui résume très bien ce qu’on vit pendant une 1ère grossesse et ce qu’elle a mis en place pour mieux vivre son post-partum lors de l’arrivée de son 2ème enfant. Je vous conseille de le lire ! Je me suis tellement retrouvé dans ces mots.

Malheureusement cela n’est pas toujours possible d’être entourée de la sorte alors :

  • Dormez dès que vous le pouvez. Ne cherchez pas à ranger, faire le ménage, lancer une machine. Si votre bébé dort, faites comme lui. La nuit étant découpée par tranche de 3 ou 4 heures (quand vous avez de la chance), si vous voulez être en forme pour pour entendre votre bébé, vous réveiller, faire le biberon, le donner, attendre que bébé s’endorme et parfois supporter quelques pleurs, vous allez avoir besoin de tous vos moyens. Pour ma part, arrivé 16h30 / 17h je m’endormais jusqu’à 20h. C’est un peu comme si je commençais ma nuit très tôt. Sans cette sieste je piquais du nez en donnant le biberon à 3 h du matin mais surtout je pouvais être irritable le lendemain car j’ai trop peu dormi. Et des parents irritables cela donne un bébé énervé !
  • Espacez les visites. Les gens pensent qu’en ne venant pas à la maternité ils vous laissent vous reposer. À la maternité on ne se repose pas car on est sans cesse demandé (examens de contrôle tôt le matin, rendez-vous pour les soins du bébé…) et le corps médical rentre dans votre chambre comme dans un moulin. Très tôt le matin et tard le soir.
    Ceux qui ne sont pas venus à la maternité vont vouloir venir voir votre merveille mais ceux qui sont venus aussi ! Laissez vous MINIMUM un jour de répit entre les visites. Et pour les horaires c’est à adapter selon l’heure de votre sieste. Pour ma part je trouvais que sur l’heure du déjeuner c’était top ou bien vers 15h pour le goûter à condition de briefer les visiteurs et leur dire de ne pas rester longtemps car vous avez besoin de vous reposer.
  • Demandez leur de ramener des plats, des encas. C’est l’heure du goûter ? Mes amis venaient avec une galette ou des petits gâteaux ! Vous n’aurez pas le temps ni le courage de préparer quoique ce soit. Gardez votre énergie pour votre bébé. Cela fera plaisir à vos amis en plus de vous chouchouter.
  • N’hésitez pas à dire non ou à décaler des visites. On vient quand même d’expulser un être humain de notre utérus. On est un peu des guerrières non ? Ok ce mini être humain est adorable et est considéré comme un demi dieu par la famille, mais la maman ? Devient-elle la déesse de la fécondité pour autant ? Je ne crois pas.
  • Accordez-vous un peu de temps pour prendre soin de vous. Si le papa est aussi à la maison c’est plus facile évidement. Une longue douche, un masque ou un peu de blush, peu importe du moment que cela vous procure du plaisir.

Et vous ? Racontez-moi votre post-partum en commentaire. 

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