Mon accouchement : le jour où je suis devenue maman

Voici le récit de mon accouchement. En toute transparence je vous livre l’expérience la plus intense, terrifiante et merveilleuse que j’ai pu vivre.

Coïncidence ?

Samedi 28 décembre, Chloé comme souvent prend de mes nouvelles. Ils ont prévu d’aller se promener en famille dans Montmartre dans l’après-midi et nous en profitons pour nous rejoindre. Une balade avec les copains c’est toujours sympa surtout que j’ai besoin de prendre l’air et de marcher. Enceinte et dans ton dernier mois tout le monde te dit de marcher ! (Ou de faire le ménage à 4 pattes). Je me souviens ce jour là de Chloé en pleine démonstration :

– Quand tu prends les escaliers, tape bien fort avec tes pieds sur chaque marche !

La veille de son accouchement c’est ce qu’elle avait fait. Et Romy était arrivée. Coïncidence ou pas, à 23h30, une fois bien installée dans mon lit devant une série avec mon chéri, ma poche des eaux se fissure…

Extrait de notre conversation du 28 décembre avec Chloé

Euh je me suis fait pipi dessus ?

Durant les cours de préparation on nous parle beaucoup des contractions, qu’il ne faut partir que si elles sont rapprochées toutes les 5 minutes. On nous explique qu’elles durent entre 45 secondes et 1 minutes, comment respirer, les positions à faire chez soi, les astuces qui vont nous faire du bien… prendre un bain, mettre une bouillotte, s’occuper l’esprit pour tenir le plus longtemps… Pour la perte des eaux ça se limite à « si vous perdez les eaux, vous allez tout de suite à la maternité ». Ok mais ensuite ? Il se passe quoi ?
J’étais persuadée que j’allais vivre les contractions chez moi. Jamais je ne me suis imaginée perdre les eaux et devoir partir à la maternité en toute vitesse.

Mais retournons dans mon lit. J’ai senti un liquide mouiller ma culotte, l’équivalent d’une cuillère à soupe, et je me suis levée un peu perplexe pour filer aux toilettes. Je fais un petit pipi au passage – ce qui est débile car si de l’eau devait couler je n’aurais rien vu ni senti – mais rien d’autre ne se passe. En revenant me coucher je dis à JB ce qu’il vient de se passer et ajoute que si ça recommence j’appelle la maternité. Monsieur dégaine son téléphone et vérifie combien nous sommes censées perdre de liquide lorsque nous perdons les eaux : environ 1,5 litre ! On en était donc loin mais ooops, une 2ème cuillère à soupe se déverse dans ma culotte (j’avais mis une serviette hygiénique entre temps). À mon tour de dégainer mon téléphone, toute tremblante.

En route !

– Ah oui mademoiselle il faut venir nous voir. Vous avez le temps de prendre une douche si vous voulez.

Chose que j’ai faite. Pourquoi faire je ne sais pas. En tout cas en sortant de la salle de bain, ce n’était plus des cuillères à soupe d’eau que je perdais… ça y est c’était donc ça perdre les eaux. Sentir entre ses jambes un liquide chaud (température du corps) couler sans aucun contrôle.
Un taxi et 30 minutes plus tard nous étions arrivés à la maternité, mon legging ruiné dès que je suis passée de la position assise à debout. Au moins je n’ai pas souillée la voiture.

Il est minuit passé, je suis un peu paumée et fatiguée. On me met un monitoring pour checker le bébé et les contractions ainsi qu’une perf. Je perds toujours du liquide et la sage femme me dit que ce n’est pas prêt de s’arrêter. À partir de maintenant je sais qu’on ne rentrera pas chez nous à 2 mais à 3. Comme je n’ai pas de contraction de travail je vais en chambre, une énoooorme serviette hygiénique entre les jambes et toujours ce filet d’eau chaude désagréable qui coule.

C’est ça les contractions ? Easy !

La chambre est minuscule alors je dis à JB de rentrer, que tout va bien, que je ne vais pas accoucher maintenant, qu’on verra ça demain. J’avais envie de dormir et j’ai cru que mon corps faisait la différence jour / nuit et reprendrait son travail le matin, après une bonne nuit de sommeil. N’importe quoi hein.
À 3 heures j’appelle une sage femme. Je ne dors toujours pas, j’ai des douleurs dans le bas du ventre qui m’en empêchent.

– Euh… oui bonsoir, je pense que j’ai des contractions.

Je crois que à ce moment là on me fait passer un monitoring et qu’on m’examine. Pour tout vous avouer à partir de cet instant je perds la notion du temps. J’ai bien des contractions, des douleurs supportables dans je bas du ventre, un peu comme des douleurs de règles. Je les sens arriver quelques secondes avant ce qui permet de me détendre. Je me souviens avoir pensé, contente « si c’est ça les contractions ok ce n’est pas agréable mais je peux encaisser facilement ». La sage femme qui m’a suivi le long de ma grossesse nous disait tout le temps, lors des séances de préparation, que plus on attendait avant d’avoir la péridurale mieux c’était car celle-ci ralentit le travail.

Malheureusement la douleur a commencé à s’intensifier. J’ai eu le droit à un ballon de Pilates au début pour me détendre, puis à un bain bien chaud pendant au moins 1 heure et demi. Je me souviens en avoir profité pour envoyer quelques sms à mes copines. La chaleur me faisait du bien. Et même si les contractions étaient de moins en moins agréables, elles étaient encore gérables.
Vers 8 heures JB m’a rejoint. Et c’est à ce moment là que j’ai commencé à vraiment douiller sa maman (la preuve je deviens presque vulgaire). On remonte en chambre, on m’examine (j’aurais dû compter le nombre de fois où on m’a examiné et dit «c’est boooon je peux y alleeeer, dites quand vous êtes prête »). Mon col est toujours long donc pas prêt de s’ouvrir. Il faut encore patienter.

Un peu de patience ?

J’ai « patienté » qu’à 13 heures. Encaissant les contractions comme je le pouvais. J’ai oublié instantanément les positions qui soit disant soulagent. J’ai oublié comment respirer aussi. Sans JB pour me calmer et m’inciter à respirer calmement je perdais un peu les pédales. À l’écouter j’étais possédée. Je me revois accroupie dans les couloirs de la maternité ou encore à quatre pattes dans la chambre. À émettre des bruits chelou ou à respirer beaucoup trop vite. Je ne pourrais pas définir la douleur d’une contraction. Je pense que chacune les vivons différemment et avons notre propre seuil de tolérance à la douleur. C’est étonnant comme on les sens venir, monter en puissance puis redescendre. Moi j’ai vomis tellement je ne supportais pas la douleur !

– Faut pas cracher dans les couloirs mademoiselle !
– Je ne crache pas, JE VOMIS !!!

Ok elle venait de nettoyer les sols… mais c’est pas comme si j’étais maître de mon corps à ce moment là.
Après quelques heures de calvaire je demande si ils ne peuvent pas me soulager et on me donne une dose de morphine. Hop une piqure dans la fesse ! Je crois alors au miracle. Je me suis sentie partir un peu, me détendre et sombrer. Malheureusement à part me shooter, la morphine n’a eu aucun effet sur la douleur. En résumé, je m’endormais puis je revenais très vite à moi quand la contraction pointait le bout de son nez.

Au bout de 10 minutes je dis à JB de rappeler la sage femme. On me repropose un bain que je refuse sèchement puis on m’explique que si on me pose la péridurale maintenant, à 2cm, cela risque de ralentir le travail. Il est 13h, je viens de vivre 5 heures de contractions intense. Je ne compte pas celles qui ont débuté dès 3 heures du matin. À ce stade là je ne me vois pas subir encore cette douleur et je leur dis, aux bord des larmes, que je suis partante quand même.

Une péri et c’est fini !

Je quitte mon legging et mon sweat pour enfiler une blouse puis j’attends l’anesthésiste. Encore une contraction. Et je me souviens avoir pensé que ça serait bien qu’il arrive vite car depuis qu’on m’a dit ok pour la péridurale je n’ai plus la force de gérer encore des contractions. Une deuxième puis il est enfin là. J’écoute attentivement ses recommandations, me détend et me place rapidement en position, prête à accueillir enfin ce qui va me soulager. Je fais le dos rond, je relâche mes épaules, je respire… hop je sens à peine la piqûre d’anesthésie et encore moins la pose de la péridurale. On me dit que cela agit en 15 minutes ce qui signifie que je vais encore sentir quelques contractions avant qu’elles ne soient qu’un mauvais souvenir. Je serre les dents une dernière fois puis c’est le bonheur. Je demande quelques doses supplémentaires au début pour bien effacer les dernières douleurs. On me dit d’en profiter pour dormir. Il est 14h et je sombre instantanément.

Mes cernes, ma ride du lion et ma mine plus que fatiguée en salle d’accouchement

L’attente

Chaque heure mon col se dilate de 1 cm. Finalement la péri n’aura pas ralenti le travail ! La sage femme me dit que tout se passe bien, qu’il faut juste attendre d’être entièrement dilatée. Elle propose souvent à JB de remonter dans la chambre, histoire de se reposer tant qu’il le peut. Mais mon nerveux de chéri passe son temps à aller et venir pensant sans cesse « et si Julia accouchait maintenant ? ».

Le temps passe et je commence à sentir de nouveau des contractions. Ah non ce n’est pas possible ! J’informe la sage femme que les douleurs reviennent mais elle ne peut plus me donner de « bonus » comme ils disent. Soit me réinjecter un peu d’anesthésiant via le cathéter. Presque 6 heures se sont déjà écoulées et je ne suis dilatée qu’à 6,5 cm.

On fait quoi docteur ?

À ce moment-là je panique un peu. L’anesthésiste revient pour contrôler tout ça et avec une poche de glace vérifie quelles parties de mon corps sont encore endormies. Verdict : le seul endroit où j’ai des sensations c’est le bas du ventre, soit LA zone où la douleur des contractions se fait sentir. On me parle alors d’une 2ème péridurale mais on me précise que ça peut ne pas fonctionner. Euh c’est à dire ? Et comme pour bien appuyer ses propos j’entends à ce moment là une femme hurler à la mort dans la chambre d’à côté.

– Elle n’a pas eu la péridurale, me souligne la sage femme.

Comprendre en fait qu’il était trop tard pour qu’on lui pose. Son cri me brise le coeur et je leur dis qu’il est hors de question que je subisse ça.
Il est 20h quand on me pose ma 2ème péri. Je suis soulagée, dans tous les sens du terme.
Les heures passent et mon col continue de se dilater. Lorsqu’on me prévient que je suis à 10 cm je me dis que mon bébé sera bientôt là. Erreur. Charlie ne veut pas descendre dans mon bassin et pendant 2 heures j’attends patiemment, une fois de plus. Mon bébé commence alors à s’essouffler et la sage femme m’évoque la possibilité d’une césarienne. En y repensant je me dis que je n’ai pas passé toutes ses heures à souffrir pour qu’on finisse par faire sortir mon bébé comme ça. Mais sur le coup, j’étais tellement fatiguée, épuisée que je voulais uniquement faire au mieux pour lui. Seul l’instant présent comptait.

Transformation en maman guerrière

Une gynécologue arrive pour examiner la situation et prendre une décision. Elle me dit qu’elle va m’aider à accoucher par voie basse, ne me parle pas du tout de césarienne (ouf) mais mentionne les cuillères. Je panique un peu, demande si cela ne va pas faire mal à mon bébé, le déformer ou lui laisser des traces. Bien sûr que non. Alors c’est parti. La gynéco est directe, sûre d’elle et à la moindre consigne je l’écoute attentivement et exécute ses ordres à la perfection. Mon seul objectif est de sortir Charlie le plus vite possible. Je me transforme à ce moment-là en une future maman guerrière, pleine de force et de détermination, prête à tout pour mon bébé.

– Poussez à mon signal !

Quelques instant avant les deux femmes m’avaient expliqué comment procéder (on pousse comme si on allait aux toilettes) et lorsque le moment est venu j’ai tout donné. J’ai poussé de toutes mes forces. Je me suis dit que la rencontre approchait, qu’elle était imminente et que après toutes ces heures de travail il était temps. Concentrée, le visage serré et déformé, la première poussée m’a permis de faire descendre le bébé. La gynéco est alors entrée en action et a placé les cuillères. Ce n’était pas douloureux grâce à l’anesthésie mais je sentais quand même que tout s’étirait, s’écartait. J’avais l’impression d’avoir un ballon basket de coincé et qu’il fallait qu’il sorte au plus vite. À la 2e poussée la tête est sortie puis à la 3e c’est Charlie qui nous a rejoint. 11 minutes top chrono !

Une famille

Quelques secondes après, mon bébé était sur moi. Et en un instant nous étions 2. Et en un instant j’ai oublié toutes ces douleurs et ces heures de travail. J’entendais le papa à côté de moi, bluffé par ma prouesse et ému, qui versait sa larme. J’aurais voulu le regarder et pleurer avec lui mais impossible de détacher mon regard de Charlie. Ma si petite fille. Mon chef-d’œuvre, mon exploit. À ce moment là le temps s’est arrêté. En relisant le rapport je sais que nous sommes restés comme ça 1h30, chacun notre tour nous avons pu faire du peau à peau. Pendant ce temps-là, c’était le bazar en bas mais je n’ai rien regardé ou cherché à comprendre.
C’est JB qui m’a raconté ensuite que la gynéco et la sage femme avaient retiré mon placenta, que beaucoup de sang coulait, que j’avais fait caca en poussant (bah quoi ?) et que j’ai eu quelques points à la suite d’une déchirure interne. Moi, j’étais ailleurs. Je ne sentais rien et je ne voulais rien voir d’autre que ce petit être qui était en moi quelques instants auparavant.

– Tu te rends compte que telle qu’on la voit là, elle était comme ça dans mon ventre ?

Puis JB est partie avec elle l’habiller et nous sommes remontés en chambre. Complètement sonnés. Nous sommes rentrés dans la salle d’accouchement à 2, nous en sommes sortis à 3 : aujourd’hui nous sommes une famille.

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